Dimanche 15 avril 2018 : c'est l'heure du thé !
-
Entrez, mes chères amies,
Asseyez-vous, prenez une tasse de cet excellent thé parfumé que j'ai préparé pour vous et bavardons un peu ! Cela fait quelques semaines que nous ne nous sommes pas vues, vous m'avez manqué !
Vous ais-je déjà raconté que je finis mes journées, dès que le temps le permet, par une petite sortie au clair de lune dans mon jardin? C'est une façon de m'emplir du calme et de la gravité de la nuit, de faire le point sur la journée écoulée, sur le temps qui poursuit sa route inexorablement. Un moment où mon âme prend son envol et plane doucement, abandonnant au loin les petites contrariétés de la vie quotidienne qui menacent toujours de prendre plus d'importance qu'elles n'en ont en réalité.
Hier soir, un avion traversait tranquillement le ciel noir : je ne l'entendais pas, mais je suivais des yeux ses feux lumineux, certains fixes, d'autres clignotants, jaunes ou rouges, et je songeais avec mélancolie aux passagers, voyageurs inconnus, qui sans doute apercevaient par leurs hublots les quelques lumières de ma petite ville, dont celles de ma maison…
Étonnamment, voyager, quitter mon nid, partir à la rencontre de l'inconnu a toujours été une épreuve pour moi : pendant les vacances, lorsque nous voyagions, mon compagnon et moi, dans notre fourgon aménagé en roulotte moderne, mon coeur se serrait d'angoisse. Ne pas savoir où nous dormirions le soir, ne pas être attendus quelque part, ne pas pouvoir imaginer l'endroit précis où nous allions, me remplissait de terreur. J'avais bien conscience que ma crainte était sans objet, mais c'était plus fort que moi : la vue des automobiles pressées que nous croisions sur la route, des personnes sur le pas de leur porte dans les villages que nous traversions, me causait une indicible nostalgie contre laquelle je luttais avec difficulté.
Un soir, nous nous étions arrêtés pour passer la nuit sur un petit chemin en hauteur et nous apercevions en contrebas, au loin, une autoroute très fréquentée : je pouvais suivre des yeux les lumières des voitures, comme hier mon avion dans le ciel. Et je pensais que ces personnes savaient sans doute toutes où elles allaient et s'y rendaient le plus vite possible, qui pour retrouver sa compagne, qui pour retrouver ses enfants, ou son chien… Plus le soir s'épaississait, plus une tristesse profonde s'insinuait en moi…
Inutile de vous dire que même si je profitais au mieux de nos vacances, notre retour me remplissait de joie : la plus belle des cartes postales de mes voyages a toujours été la chaleur de mon foyer quand je le retrouvais !
Je ne sais pas d'où me vient cette angoisse : peut-être est-ce l'héritage caché de ma grand-mère maternelle, quittant l'Italie de son enfance pour venir travailler en France vers 1920… Pourtant elle-même n'a jamais laissé entendre le moindre regret. Ma mère, comme ses deux sœurs, est née en France et chez nous, l'Italie était synonyme de misère. Aucune coutume n'a été conservée, pas même de recettes de cuisine. Nous avons reçu des prénoms français et n'avons jamais parlé la langue. Porterais-je à mon insu une blessure familiale ignorée ? En tous cas, il est trop tard pour tenter de déjouer le destin : tous les acteurs sont morts à présent, ayant quitté la scène en emportant leurs secrets. Il n'en reste en moi qu'une trace irrationnelle, cette peur atavique du déracinement…
Mais, trève de bavardages, je suis sûre que vous voudriez avoir des nouvelles de mes poupées ! Figurez-vous que j'ai commencé une série de tenues pour les mettre en beauté, et vous allez assister aujourd'hui au premier défilé du printemps...
Vaniline (merci à elle !) propose aux couturières une tunique à empiècement rond que je me suis empressée de coudre… Très belle, mais un peu trop « dansante » à mon goût. J'ai recherché dans mes vieux patrons « Simplicity » des années 70, et j'ai retrouvé un modèle très proche, plus classique (modèle E ou D).
Ces patrons anciens ne sont pas très alléchants à cause des assortiments de couleurs, mais ils valent que nous regardions de près leurs formes, souvent assez intéressantes. Grâce aux explications de Vaniline appliquées à ce patron, la pose de l'empiècement en rond qui me paraissait difficile jusqu'à présent, a été un jeu d'enfant !
Prise d'enthousiasme devant le résultat, j'en ai réalisé une, puis deux, puis… quatre ! En variant les tissus, bien sûr. Une fois la première réalisée, j'ai enrichi le défilé avec d'autres poupées habillées dans les mêmes tons…
Je vous montre donc la collection « Rosae » (vous avez déjà vu le tissu grâce aux tenues des Paola Reina du mois dernier) . Je vous présenterai les autres collections ( « Renard bleu », « tigre de papier » et « circus » ) quand je les aurai terminées.
La première robe à empiècement rond est portée par une poupée Mme Alexander de 50 cm. C'est une poupée articulée dont le corps est en partie en tissu, comme les célèbres American doll. J'aime beaucoup son visage radieux ! La voici accompagnée par la petite Paola Reina présentée en mars.
Deux nouvelles poupées sont venues rejoindre ma collection : des mini-Maru, très fines et jolies. J'ai profité de l'occasion pour les faire entrer dans le défilé ! D'abord Halle la douce, qui a voulu porter une jolie robe fleurie un brin rétro accompagnée de ... bottines ! Un mélange un peu étonnant, mais enfin, elle se trouve très belle comme ça !
Et ensuite Maru, que j'ai customisée et qui s'appelle à présent Luce : la petite chipie porte une élégante robe taille basse réalisée à partie d'un patron de Magda, merci à elle, et bien sûr, les mêmes chaussures que sa cousine !
Mon coeur appartenant toujours aux petits Corolle, j'ai décidé de mettre à l'honneur « P'tit bout caraïbes » (1991) et de lui coudre une tenue assortie. Quel plaisir, je n'avais plus travaillé pour ces petits depuis longtemps !
Pour parfaire le tableau, j'ai réalisé une petite mascotte en feutrine, en suivant un des merveilleux modèles de Noialand…
Et voilà la collection complète...
Notre thé du dimanche prend fin, hélas, et il est déjà l'heure de se quitter : merci de m'avoir rendu visite! La semaine prochaine, je mettrai à nouveau quelques poupées à vendre. Petit à petit, mes cartons se vident grâce à vos adoptions. Néanmoins, il en reste encore beaucoup… J'ai bien acheté une troisième vitrine, mais, incroyable, elle est déjà remplie ! Et comme je continue d'acheter des trésors, je crois que je vais changer de pseudo et me prénommer Danaïde…
Au revoir, mes chères lectrices ! Je vous souhaite une agréable fin de journée et une semaine riche en douceurs et petits plaisirs ! Goûtez pleinement vos vacances si vous prenez quelques jours pour profiter du printemps, et surtout, ne faites pas comme moi, ne vous laissez pas gagner par la nostalgie de votre maison à peine quittée!
Amitiés,
Elizée